Dans quel cadre réglementaire prévenir les risques psychosociaux ?
Les évolutions réglementaires en termes de prévention de la santé au travail, ainsi que les résultats des dernières recherches sur les conséquences du stress au travail, rendent la prévention des risques psychosociaux de plus en plus démocratisée en France et plus largement dans le reste du monde.
En effet, le code du travail intègre depuis 2001 l’obligation pour chaque entreprise d’au moins un salarié d’élaborer le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). Ce dernier doit répertorier l’ensemble des risques professionnels auxquels peut être confronté l’employé sur son lieu de travail, risques psychosociaux inclus. L’absence de ce document, ou sa non mise à jour qui doit être au moins annuelle, entraine, en cas de contrôle de l’inspection du travail, une amende de 1 500 euros et de 3 000 euros en cas de récidive (article R4741-1 du Code du travail). à noter qu’en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle, la sanction relative à l’absence ou à la non mise à jour du DUERP peut être bien plus lourde, en étant par exemple liée à la reconnaissance de la « faute inexcusable » pour l’employeur.
En juillet 2008, l’accord interprofessionnel (ANI) sur le stress au Travail, rendu obligatoire par arrêté ministériel du 23 avril 2009, ajoute des spécificités sur les modalités de prévention du stress au travail. Des indicateurs de risques psychosociaux sont mis en avant, tels l’organisation et les processus de travail ; les conditions et l’environnement du travail ; la communication ; ou encore les éléments subjectifs. Un cadre pour prévenir ces facteurs est également proposé dans ce même accord.
Du point de vue des conséquences observables sur la santé de la personne, l’évolution des syndromes et des maladies professionnelles liées au stress (ex: dépressions, maladies cardiovasculaires, diabète de type II) amène aujourd’hui les employeurs à être particulièrement vigilant au vécu de leurs employés au travail.
Prévenir les risques psychosociaux pour prévenir le stress au travail et les maladies qui y sont liées
Analyser le vécu de l’employé au travail, à travers les différentes dimensions des risques psychosociaux, permet d’aboutir à un état des lieux contextualisé pour l’entreprise. Cela met en avant les ressources à disposition de l’individu au sein de son environnement de travail, ainsi que les contraintes auxquelles il peut être confronté. C’est justement cet équilibre entre ressources et contraintes qui détermine l’équilibre de l’individu au travail. Si la balance tend à pencher du côté des contraintes, cela peut générer un état de stress chez l’individu et sur un long terme, engendrer la dégradation de son état de santé.
En effet, le stress est défini comme une réponse de l’organisme provoquée par un déséquilibre entre les contraintes perçues par l’individu et les ressources dont il dispose pour y faire face. Si la prévention du stress dans l’environnement de travail de l’individu a toute son importance aujourd’hui, c’est également parce qu’une exposition prolongée à cet état entraine l’apparition du « burnout », syndrome d’épuisement professionnel dont l’apparition est en constante augmentation ces dernières années.
Plus précisément, le burnout est défini comme « un syndrome psychologique qui se traduit par un épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel » (Schaufeli & Greenglass, 2001). En d’autres termes, il apparait en réponse à une exposition prolongée à des agents stressants au travail. Prévenir les risques psychosociaux revient ainsi à prévenir le stress au travail et par conséquent l’apparition du burnout.
Risques psychosociaux et Qualité de vie au travail : s’adapter au changement pour rester productif
D’un ordre plus général, être attentif aux risques psychosociaux et plus largement à la qualité de vie au travail, permet aux entreprises de recruter plus facilement de nouveaux profils et de favoriser l’engagement au travail des collaborateurs. Par conséquent, on observe dans ces entreprises une meilleure qualité de la production, ainsi qu’un moindre taux d’absentéisme et de turnover, par rapport aux entreprises qui sont moins sensibles à la prévention des facteurs de stress au travail (voir par exemple les études de « Great Places to Work » pour plus de détails).
En effet, appréhender les risques psychosociaux et la qualité de vie au travail permet de s’adapter au changement et aux évolutions de la société. L’étude des perceptions des employés, à l’égard de leur environnement professionnel, permet de remettre en question des méthodologies de travail parfois bien ancrées, pour autant plus forcément optimales à la réalisation des activités des collaborateurs à l’heure actuelle.
Développer la communication et tendre vers une vision partagée du travail permet de comprendre les origines et les conséquences des difficultés professionnelles rencontrées, parfois quotidiennes. Les échanges, qui peuvent par exemple émerger du collectif de travail, aboutissent alors à des solutions ou pistes d’améliorations, qui permettent de s’adapter aux mutations sociétales sur la durée.